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ASCENDANCE MATERNELLE DE MADELEINE

LES ORIGINES ESPAGNOLES

Les origines des familles Vidal et Santacreu et des branches collatérales se trouvent dans la région d’Alicante en Espagne.

 

Antiquité

 

Peuplée au néolithique par les Ibères, la région est d’abord colonisée par les Phéniciens puis par Carthage. Après la victoire des Romains contre les carthaginois, Alicante, renommée Lucentum, est prise en 201 av. J-C. La ville de Valence est fondée en 138 av. J-C. mais détruite en 75 av. J-C. lors de la guerre civile entre Pompée et Sertorius.

 

La première communauté chrétienne n’apparait qu’au début du quatrième siècle. Saint Vincent est martyrisé en 304, d’où la popularité de ce nom dans la région. Le Ve siècle voit les invasions des Suèves, des Alains et des Vandales. L’empereur Honorius fait appel aux Wisigoths pour reconquérir la péninsule. Leur royaume s’étend sur tout le sud-ouest de la France et le sud-est de l’Espagne. Ils sont défaits par les Francs à Vouillé en 508 et doivent se replier sur l’Espagne, ne conservant en France que le Languedoc. En 575, ils conquièrent le royaume Suève couvrant le Portugal et la Gallice. La domination wisigothe est surtout militaire. Leur nombre, avec leurs alliés, ne dépasse pas 200 000 dans un pays comptant entre 3 et 4 millions d’habitants. Longtemps ariens, ils se convertissent finalement au christianisme romain. En 624, ils chassent les Byzantins qui s’étaient emparés de l’Andalousie et de Grenade 70 ans plus tôt. En 673, la Septimanie et les Vascons se soulèvent. En 710,  un conflit oppose deux clans pour la succession du roi Wittiza. Rodéric est choisi comme roi par l’aristocratie contre le fils de Wittiza qui cherche alors des soutiens en Afrique du Nord. Profitant d’une campagne de Rodéric contre les Vascons, Tariq ibn Ziyad, gouverneur de Tanger, débarque à Gibraltar en avril 711. Rodéric, trahi par une partie de ses troupes, est battu à la bataille de Guadalete (juillet 711).

 

Occupation musulmane

 

La conquête du royaume par les troupes maures, constituées principalement de berbères marocains est achevée en cinq ans. Ils envahissent également la France mais sont battus en 721 à Toulouse par Eudes d’Aquitaine, en 732 à Poitiers par Charles Martel puis chassés de Septimanie par Pépin le Bref en 759. Repliés dans la péninsule, les Maures installent leur capitale à Cordoue. Abd al Rahman s’émancipe de Bagdad et fonde l’émirat omeyyade. Majorque, qui avait été occupée par les Vandales puis reprise par les Byzantins, ne tombe aux mains des Omeyyades qu’en 903. Au IXe et Xe siècles des persécutions sont menées contre les chrétiens pour les forcer à se convertir. En 1031, le califat de Cordoue s’effondre et se morcelle en royaumes taïfas. Les Almoravides originaires de Mauritanie et du sud du Maroc débarquent en 1086 et tentent de réunifier le califat. En 1147, ils sont reversés par les berbères Almohades qui se sont emparés de l’ensemble de l’Afrique du Nord.

 

A la fin du XIe siècle, Valence est gouvernée par le roi al Qadir. Il est assassiné par Ibn Djehaf en 1092. Rodrigue (le Cid) s’empare de la ville en 1093 mais laisse Ibn Djehaf en place dans un premier temps. Les valenciens se révoltent et Rodrigue assiège à nouveau la ville qui se rend en 1094. Il s’allie avec Pierre Ier d’Aragon et son gendre Raimond-Bérenger III de Barcelone pour résister à la pression des Almoravides. Le Cid meurt à Valence, le 10 juillet 1099. Chimène réussit à défendre la ville mais elle doit être évacuée en 1102. Elle est reprise par les Almoravides, bientôt remplacés par les Almohades. En 1114, en réponse aux actes de piraterie menés à partir de Majorque, la ville de Palma est prise et saccagée par une coalition de Catalans, de Provençaux et de Pisans après un siège de huit mois mais elle est reprise aussitôt par les Almoravides.

 

Reconquête

 

En 1212, la coalition des rois chrétiens bat les Almohades à la bataille de Las Navas de Tolosa. Le califat se morcelle à nouveau en taïfas qui sont conquis les uns après les autres par les chrétiens. La reconquête des régions situées le long de la côte méditerranéenne est entreprise par Jaime I d’Aragon s’appuyant sur des troupes aragonaises et catalanes renforcées par des castillans, des navarrais, des languedociens, des italiens, des croates, des allemands et des anglais. La piraterie majorquine continuant, il s’attaque d’abord à Majorque. Ses troupes, débarquées à Santa Ponça, battent les Maures à Portopi en 1229 et s’emparent de Palma dont les habitants sont massacrés. La prise complète de l’île est achevée en 1232. Les musulmans qui ne réussissent pas à s’enfuir sont réduits en esclavage. Le repeuplement est assuré majoritairement par des Aragonais et des Catalans mais aussi par des Languedociens. Minorque reste gouvernée par les musulmans, toutefois tributaires des rois d’Aragon, jusqu’en 1287. L’île est alors envahie et sa population musulmane est asservie.

 

A Valence, le souverain local, Abu Zayd, chassé par une révolte en 1230, se réfugie auprès de Jacques Ier d’Aragon, se convertit et l’aide activement dans la reconquête de la ville en 1238. La région est intégrée au royaume d’Aragon. Le traité de Cazola, signé en 1179, entre Castillans et Aragonais, fixe la limite sud des terres destinées à l’Aragon sur une ligne Biar-Castalla-Xixona-Calpe. En 1243, le roi musulman de Murcie se met sous la protection de la Castille. Le gouverneur d’Alicante refuse d’abord se soumettre mais la ville est prise en 1248.  Finalement, en 1307, la région d’Alicante passe au royaume d’Aragon.

 

Contrairement à ce qui s’est passé à Majorque, à Valence comme à Alicante, le repeuplement par des chrétiens étant insuffisant la population musulmane est autorisée à rester sur place. On estime que 160 000 sur 200 000 sont restés. En 1391, les juifs sont contraints à se convertir sous peine de mort. Les musulmans subissent le même sort en 1456. Au début du XVIIe siècle les Mauresques représentent 40% de la population de la région. Ils sont essentiellement concentrés dans les zones rurales.

 

Expulsion des Mauresques

 

A la fin de 1609, le roi Philippe III décide l’expulsion des Mauresques d’Espagne. Ils sont entre 300 et 400 000 sur une population totale espagnole de 8,5 millions. Ils sont surtout concentrés dans les régions aragonaises et particulièrement en pays valencien. Ils n’exercent plus leur religion qu’en secret et parlent les langues locales mais restent un groupe socialement à part. L’opinion publique est divisée à leur sujet, même au sein de l’église. La noblesse redoute une expulsion de sa main d’œuvre paysanne. Finalement, le parti de l’expulsion l’emporte. Les premiers expulsés sont massacrés à leur arrivée en Afrique du Nord et ceux qui sont restés en Espagne se révoltent. Ils sont battus et les expulsions reprennent mais nombreux sont ceux qui réussissent à y échapper, notamment en Castille.

 

Pour la région valencienne, l’expulsion entraine une crise démographique majeure et un désastre économique.  Elle comptait 450 000 habitants en 1609, mais seulement 260  000 un siècle plus tard en dépit des efforts des autorités pour la repeupler à partir des autres provinces d’Espagne et notamment des Baléares. De nombreuses familles majorquines se sont installées dans la région entre 1610 et 1620.

 

Une partie notable de ces Mauresques avaient des origines locales. Leurs ascendants s’étaient convertis à l’Islam par opportunisme ou par force. Les envahisseurs berbères se sont métissés avec les autochtones au cours des siècles comme le montrent plusieurs études ADN. La fréquence du marqueur génétique E-M81 du chromosome Y, d’origine berbère, dépasse les 15 % dans le sud et ouest de la péninsule Ibérique. Pour l’ADN mitochondrial, l’analyse montre que le marqueur nord-africain U6 atteint des niveaux bien plus élevés dans la péninsule ibérique que dans le reste du continent. Selon une étude publiée en décembre 2008, 19,8 % des habitants actuels de la péninsule Ibérique ont un ADN partiellement issu du Proche-Orient et 10,6 % un ADN issu de populations d'Afrique du Nord.

Régions d'origine des familles Vidal et Santacreu, source X Gille

Sur la carte, on voit que les régions d’origine des familles Vidal et Santacreu sont voisines mais différentes. Il s’agit ici des régions d’origine postérieurement à l’expulsion des Mauresques en 1609. Les origines plus lointaines ne sont pas toujours identifiées. On trouvera plus de détail dans les pages qui leur sont consacrées..

 

Pour les Santacreu, elle se trouve dans l’arrière-pays de Denia, principalement dans la comarque de Marina Alta, à l’extrême nord de la région d’Alicante.

 

Pour les Vidal, elle se trouve dans l’arrière-pays de Benidorm, au sud-ouest de la zone d’origine des Santacreu. On peut penser que sans l’émigration vers l’Algérie ces deux familles ne se seraient jamais rencontrées.

EMIGRATION VERS L’ALGERIE

 

Colonisation

 

La conquête française de l’Algérie débute avec le débarquement à Sidi Ferruch, à l’Ouest d’Alger le 14 juin 1830, suivi de la prise d’Alger le 5 juillet. La révolte d’Abd el Kader commence en 1832. Un traité de paix est signé en 1834 mais la guerre reprend en 1839. Abd el Kader est battu en juillet 1841 et se réfugie au Maroc avant de se rendre en décembre 1847.

 

La première vague de colonisation se déroule entre 1842 et 1848 : créations de routes, défrichement, expropriations (ordonnances de 1844 et 1846) de territoires largement non cultivés. Un système de concessions gratuites est mis en place, le 18 avril 1841. Le 15 avril 1845, une partie du territoire est assimilé à la Métropole. En 1848, la constitution de la IIème République déclare l’Algérie partie de la France et crée trois départements. Entre temps, une grande partie des premiers colons sont morts de maladie ou victime des révoltes sporadiques.

 

La deuxième vague de colonisation se déroule de 1848 à 1852, au terme de laquelle on compte en Algérie 66 000 Français et 65 000 étrangers (Espagnols, Italiens, Maltais, Suisses, Allemands). 68 centres de colonisation sont créés entre 1851 et 1858. Le décret du 26 avril 1851 met fin au régime de concession et permet aux colons d'être propriétaires de plein droit des terres qui leurs sont accordées. L'année 1863 marque la fin des expropriations et la possibilité d’accès à la propriété pour les autochtones.

 

Immigration espagnole

 

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le chômage des ruraux résultant de la démographie croissante et des accidents climatiques poussent les espagnols à émigrer. Ceux de la région d’Alicante (Levante) se tournent naturellement vers l’Algérie toute proche où la colonisation demande une main d’œuvre abondante. Au début, il s’agit en partie d’émigration saisonnière, puis les familles se fixent définitivement. De réseaux d’immigration, principalement familiaux et villageois, se mettent rapidement mis en place. Il y a aussi des réseaux de passeurs. Certaines sociétés coloniales envoient des émissaires pour inciter les gens à venir.

 

Les autorités ferment les yeux. Pour les gouvernements espagnols successifs, l’émigration joue le rôle de soupape de décompression en atténuant les tensions sociales. Malgré quelques mesures contradictoires, la France ne fait pas obstacle à ce flux d’immigrants et l’encourage même parfois pour accélérer la mise en valeur des terres. Les paysans espagnols, frugaux et bien adaptés au climat, sont particulièrement aptes aux travaux difficiles de défrichage et d’irrigation. Ils se font une place rapidement grâce à leur travail.

 

En 1870, le régime civil se substitue au régime militaire. Entre 1873 et 1879 sont créés 126 nouveaux villages de colonisation. En 1882, l’Algérie est rattachée à la France et le Gouvernement Général est institué. Une Assemblée représentative des colons, des non-colons et des musulmans (21 membres sur 69) lui sera adjointe en 1898. Pendant la guerre de 1914-18, 270 000 Algériens de toutes confessions sont mobilisés.

 

Naturalisation

 

Jusque dans les années 1870, la France ne naturalise que ceux qui en font la demande. En 1865, elle  facilite cette demande en réduisant la durée de résidence préalable à 3 ans (au lieu de 10) et en supprimant l’autorisation d’établir son domicile en France. Cependant, on ne compte que 6 000 naturalisation d’Espagnols entre 1849 et 1889. Dans les années 1870, la croissance forte de l’immigration espagnole inquiète l’Etat qui craint de voir la population étrangère dépasser la population française. Les lois de naturalisation de 1889 et 1893 hâtent la naturalisation sous deux formes :

  • les enfants des étrangers nés sur le sol algérien et qui y sont domiciliés sont automatiquement déclarés français dans l’année suivant leur majorité s’ils n’y renoncent pas formellement.

  • les enfants nés en Algérie d’un étranger qui y est lui-même né, sont automatiquement déclarés français.

 

Les Espagnols qui ne s’étaient pas précipités pour demander la naturalisation avant ces lois, ne se dérangent pas davantage pour garder la nationalité espagnole, d’autant que la France exige pour cela un dossier lourd et coûteux. Dès lors, la francisation avance à marche forcée et l’Espagne ne fait rien pour la contrecarrer. Le processus d’intégration, d’acculturation et enfin d’assimilation s’est réalisé en trois générations grâce à l’Ecole, aux mariages mixtes et au service militaire.

 

Les lois de naturalisation automatique ont néanmoins provoqué une réaction nationaliste de la part des colons français qui dénoncent le péril étranger et réclament le retour au droit du sang. Des affrontements divers opposent Français et Espagnols jusqu’en 1895. Le thème du péril étranger visant les Espagnols perdurera jusqu’à la première guerre mondiale d’autant qu’un courant nationaliste espagnol africaniste  soutien la thèse de l’appartenance historique de l’Oranie à l’Espagne.

 

En 1962, sur les 900 000 Pieds-noirs qui débarquent en France, 400 000 sont Espagnols ou descendants d’Espagnols.

 

Arrivée des familles Vidal et Santacreu

 

Toutes ces familles se sont d’abord fixées à Koléa :

 

  • Vicente Vidal et Pascuala Aznar vers 1851-52.

  • Joaquim Domenech et Maria Santamaria semblent y être arrivés à peu près au même moment.

  • Jose Santacreu et Maria Santacreu arrivent dans les années 1860. Leur fils Baptiste arrive en Algérie 1882.

  • Maria Teresa Estela Lull arrive à Koléa en 1890.

 

Koléa (ou Koléah) a été fondée au XVIe siècle à l'emplacement d'un établissement romain, pour accueillir les Maures chassés d'Espagne ce qui est assez ironique. Elle se trouve à une trentaine de kilomètres au Sud-Ouest d'Alger, au bord du Sahel algérois qui surplombe la plaine de la Mitidja.

 

 

 

Mairie de Koléa (Algérie)
Eglise de Koléa (Algérie)

Pour plus de renseignements sur Koléa, on peut se référer au très riche ouvrage d'Albert Procel "Il était une fois Koléa" accessible par le lien suivant :

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